Depuis le départ de la mère et la mort de la grand-mère, la famille « Dégats », comme on l’appelle, n’est plus composée que d’hommes, des hommes un peu perdus d’ailleurs. Il y a d’abord le père, Jean, qui ne sourit plus et s’est refermé sur lui-même, puis le grand frère, Yves, qui s’oublie dans le sport et la drague et enfin, le grand-père, Pierre, qui parle avec le fantôme de sa femme et qui essaye de rabibocher un peu tout le monde. Ah et il ne faudrait pas oublier Louis qui, du haut de ses 9 ans, observe les péripéties de sa famille et rêve d’y ramener le bonheur.
Louis raconte donc son quotidien dans cette famille d' »hommes » qui ne se comprennent plus. Lui, si gringalet, ne se sent pas à sa place. Son frère, Yves, est malpoli, rustre et casse-cou. Quant à Jean, le père, il n’ouvre plus la bouche que pour ronchonner et pour grogner. Et puis, là-dedans, il y a le grand-père, l’âme de la maison, qui tente tant bien que mal de renouer le dialogue. Avec beaucoup d’humour et de tendresse, Claire Renaud nous fait découvrir comment cette famille peine à reforger des liens et à se retrouver.
Jusqu’au jour où Louis, Yves et Pierre décident qu’il est vraiment temps de mettre un terme à cette situation. Si la discussion ne sert à rien, alors la ruse sera de mise. Nous voilà embarqués avec eux dans leurs frasques pour redonner la joie de vivre à leur père et, pourquoi pas, réveiller l’amour qui sommeille en dessous de sa carapace. À la fois tendre, émouvant et délicieusement drôle, Les quatre gars se révèle être un petit roman succulent qui parle avec justesse des liens familiaux et des nouveaux départs
L'avis de Sophie, lectrice du Farniente
Je suis d’abord tombée sous le charme de Papi, quand il s’amuse des bêtises des garçons au lieu de les punir, quand il prépare ses sacs de sel pour le marché, à vendre deux fois le prix aux Parisiens de passage – ou plus, selon la tête du client –, quand il parle à sa Raymonde un peu tout le temps, comme si elle était là.
Puis j’ai découvert la candeur de Louis, sa façon de voir la vie, d’en espérer plus même s’il se retrouve dans cette maison où on parle peu, où on rit encore moins.
Je n’attendais pas grand-chose d’Yves, mais je me suis laissé prendre au jeu, comme lui, quand il se met à lire Cyrano de Bergerac dans le seul but d’arriver à voler un baiser à cette fille passionnée de gros livres et qu’il délaisse ses rêves d’armée pour ceux des mots.
Finalement restait Jean. Un homme bourru, taiseux, désagréable au possible. Mais ce que le lecteur découvre en même temps que Louis, c’est surtout un homme blessé, qui a décidé de ne plus rien ressentir. Et quand cette armure craque, se craquèle, paf, je l’ai aussi aimé.
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