Au Québec, jusque dans les années 90, plusieurs pensionnats autochtones accueillaient des enfants amérindiens dans l’unique but de les arracher à leur culture et les transformer en « bons petits Québecois ». Nous sommes dans les années 50 et, à bientôt 16 ans, Jonas n’est plus qu’à deux mois de la liberté. Il a plus que deux mois à tenir dans cet enfer. Alors jusque-là, il devra continuer à faire profil bas quelques soient les horreurs qui peuvent se produire sous ses yeux.
L'avis de Gaëlle, de la Farnient'Team
Nathalie Bernard nous offre ici un récit, certes fictif, mais ancré dans une réalité qu’elle est parvenue à détailler et à transmettre avec énormément de soin. Ah ça, on sent les heures qu’elle a dû passer à lire des ouvrages et à regarder des documentaires sur le sujet.
L’histoire évolue en deux parties bien distinctes. La première, très intimiste, nous entraîne au plus profond des pensées et des sentiments de Jonas. On voit tout à travers ses yeux : les atrocités commises par les prêtres et les sœurs, mais également le désespoir et la peine de ses camarades d’infortune. Une chose est sûre, Nathalie Bernard n’a pas son pareil pour nous faire éprouver les émotions de ses personnages : leur peur, leur honte, leur haine. C’est ainsi qu’au fil des pages nous prenons totalement conscience de la destruction identitaire de ces générations volées.
Jusqu’au moment où l’histoire bascule, où l’événement de trop se produit, libérant cette colère que Jonas enfouit depuis trop longtemps. Le récit s’emballe, le rythme s’accélère. On assiste à la renaissance de Jonas, à ses retrouvailles avec ses origines et ses traditions, tout ça dans une course poursuite effrénée à travers les forêts enneigées du Québec. Nathalie Bernard offre ainsi, dans cette deuxième partie, un véritable hommage à cette culture amérindienne que ces institutions ont vainement tenté d’étouffer. Ils ont voulu tuer l’Indien dans l’enfant, alors que l’enfant se souviendra toujours de ses origines. Un vrai chef d’œuvre !